© Jean-Luc Flémal
Les inscriptions en 1re secondaire sont ouvertes depuis le 18 février dernier
BRUXELLES Parfois tentés"d’orienter la sélection décrétale",certains chefs d’établissement n’hésiteraient pas à formuler des demandes illégales ou à mettre en place des stratégies de dissuasion à l’égard de certains parents, rapporte La Libre. Ces pratiques irrégulières interviendraient aussi bien avant, pendant, qu’après la période officielle des inscriptions.
1. Avant la période des inscriptions.
Des "infractions" seraient commises dès la première séance d’information prévue par le décret, pour les parents. Cette rencontre doit permettre à ces derniers, désireux de mettre leur enfant dans l’école de leur première préférence, d’être parfaitement informés quant aux modalités pratiques de la procédure d’inscription. Mais voilà, d’après les échos qui nous sont parvenus, certains directeurs d’écoles avanceraient des dates différentes concernant le dépôt du formulaire unique, selon qu’il s’agisse d’élèves dits "prioritaires" (fratrie, adossement...) ou non. En réalité, le décret prévoit une seule et unique date pour l’ouverture officielle de la première phase des inscriptions, en l’occurrence le 18 février 2013, et ce, pour tout le monde, sans aucune exception donc.
2. Pendant la période des inscriptions.
C’est au cours de cette période que les cas de ruse émanant de chefs d’établissement seraient les plus abondants. Cas de ruse d’abord, lorsque le directeur convie les parents à un entretien "en tête à tête avec lui", au moment du dépôt du formulaire unique d’inscription. Selon le texte décrétal, la seule obligation pour les parents pendant cette période consiste à rentrer complété le fameux document. Point barre.
Mais voilà, nous explique-t-on, certains directeurs profiteraient de cette rencontre "non autorisée" pour "filtrer" les familles, pour "orienter dans leur sens la sélection décrétale". "Certaines écoles dites ‘de bonne réputation’ exercent des pressions sur les parents d’élèves moins favorisés dans le but de les dissuader d’inscrire leur enfant dans l’école de leur premier choix", nous confie-t-on. Et d’illustrer : "Par exemple, certaines écoles avancent des prix exorbitants pour les voyages scolaires ou exigent une lettre de motivation au moment de la rencontre. C’est une discrimination qui n’est pas raciale ou ethnique, mais qui se base sur des critères socio-économiques afin de préserver des classes homogènes". Et de terminer : "Ceci renforce encore la mise à l’écart des milieux populaires, c’est inacceptable".
Cas de ruse ensuite, lorsque le directeur exige la présence de l’enfant au moment de l’entretien "non autorisé" avec les parents (qui n’a décidément plus rien à voir avec le simple dépôt du formulaire d’inscription) et, idéalement, qu’il soit muni de son bulletin de cinquième, voire de sixième primaire (facultatif).
Alors que le décret "inscriptions" ne prévoit à aucun endroit cette disposition, l’enfant se voit contraint de brosser les cours ce jour-là sans raison légale valable, tandis que les parents se voient interrogés sur le comportement général de leur enfant (en société, en famille, gaucher ou pas...), sur la composition de leur ménage, voire même parfois sur le montant de leur revenus respectifs. Un véritable cumul de pratiques illégales !
Cas de ruse enfin, lorsque le directeur "conseille vivement" - pour ne pas dire "oblige" - aux parents, désireux de mettre leur enfant de son école, de prendre part, avant le jour de l’inscription, à un souper "rencontre école-familles" pour la modique somme de 40 euros par personne. "A ce prix-là, le repas a intérêt à être gastronomique ! A mes yeux, c’est clairement une autre façon de dissuader les parents les plus précarisés d’inscrire leur enfant dans l’école en question. C’est pitoyable", nous confie-t-on.
3. Après la période des inscriptions.
Plus surprenant encore. Même après qu’on leur ait attribué une poignée d’élèves supplémentaires - du moins en ce qui concerne les écoles (bruxelloises) les plus "convoitées" - certains établissements n’hésiteraient pas, nous déclare-t-on, "à reléguer certains élèves par attestation d’orientation" vers des filières techniques ou professionnelles. Histoire de "gagner quelques places pour la rentrée scolaire suivante". "De nos jours, on constate une forte recrudescence des exclusions définitives", nous explique-t-on. "Entre le 30 juin et le 5 septembre, il arrive que certains directeurs refusent la réinscription de plusieurs élèves, estimant que ces derniers seraient davantage à l’aise dans l’enseignement qualifiant, et tout en sachant très bien qu’il n’y a pas de filière technique ou professionnelle au sein de leur école d’élite. Ainsi bingo, ces élèves jugés "faibles" quittent leur établissement et libèrent la place. Tout simplement injuste, sans compter le peu d’estime accordée aux filières du Qualifiant, considérées à tort comme des voies de relégation". Voilà qui est dit.
Al. D.
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